Article journal Liberté 09/01/2013
Constructions non conformes ou inachevées
Les architectes proposent des solutions
Par : Badreddine KHRIS
Des architectes très au fait des règles l’urbanisme veulent apporter leur contribution pour trouver des solutions de appropriées à la problématique des constructions non conformes et inachevées. Codifiée par la loi n°08-15 du 20 juillet 2008 fixant les règles de mise en conformité des constructions et leur achèvement, cette question reste toujours posée au sein de l’ensemble des quartiers et villes du pays.
Des endroits conçus initialement pour devenir de vrais quartiers bien organisés et esthétiquement édifiés ont été déviés de leur vocation “résidentielle” par des carcasses de maisons aux plans incohérents et inadaptables.
L’image urbanistique projetée pour ces lieux a été entièrement dénaturée
Pour ces professionnels, les solutions à même de redonner l’esthétique tant attendue pour ces villes existent bel et bien. Il suffit de prendre les décisions qu’il faut. L’exemple le plus édifiant est ce qu’a réalisé l’architecte, Lounès Messaoudi, qui a repris une construction existante pour en faire un établissement hospitalier à El Biar “Nous avons hérité d’une construction existante non achevée, composée . d’une multitude de balcons inutiles et disproportionnés et d’éléments architecturaux hétérogènes. Notre premier travail a donc consisté en un élagage du bâtiment existant par la suppression de tous les volumes en excroissance et superflus, pour nous permettre de travailler à partir d’un volume bâti le plus simple possible”, explique cet architecte qui a fait toutes ses classes en France.
Des travaux importants de confortement de la structure existante ont été également entrepris sous la conduite d’un bureau d’études en génie civil et suivis par le CTC.
Il a conçu un bâtiment à la hauteur de sa mission hospitalière, fondée sur l’importance de la fonction d’accueil, la clarté des circulations et la répartition logique et efficace des différentes fonctions. Le projet a été édifié sur un espace réduit, selon des exigences techniques pointues tout en tenant compte de l’intimité qui doit y régner. Un intérêt important est accordé aussi au respect de l’environnement immédiat de cette structure. Tout ce travail qui a nécessité plusieurs mois d’étude et d’analyse a été récompensé récemment.
M. Messaoudi a reçu le prix spécial du jury lors de la cérémonie de remise du prix national d'architecture 2012. “Notre principe dans la conception, c’est de tenir compte du site sur lequel est implantée la construction et de prendre en considération le programme du maître de l’ouvrage”, souligne M. Messaoudi.
Pour lui, l’architecte doit être au service de l’usager et l’architecture, cette pièce réussie du puzzle composant la ville qui profite aux résidents, au voisinage proche et au simple passant. “Nous nous attelons à mettre l’homme au centre de toute conception architecturale et urbanistique”, affirme-t-il. Une manière de dire que l’utilisateur doit trouver tout le confort et les aises nécessaires dans l’occupation de ces édifications. “Nous plaidons pour une architecture sérieuse et non celle de spectacle”, tient-il à ajouter, faisant siennes les idées exprimées dans ses projets par le célèbre architecte Fernand Pouillon.
Cet urbaniste de renom a confectionné en Algérie des projets sensibles, intégrés, respectueux de nos valeurs tout en étant contemporains. “Toute construction doit surprendre et donner à ses visiteurs des sensations exceptionnelles qui peuvent venir de l’espace ou de la lumière qui y pénètre…”, indique-t-il.
Il n’est pas opportun de s’arrêter à des constats et de dénoncer les erreurs commises, avoue Lounès Messaoudi, mais il faut au contraire proposer des solutions afin d’améliorer et de transformer l’image des villes abîmée de longues années durant. “Nous sommes tous responsables : professionnels, autorités et citoyens partagent tous la responsabilité et doivent s’impliquer car c’est l’intérêt commun qui doit primer”, précise-t-il.
B. K